07 décembre 2022 - 08 décembre 2022
Les mouvements de contestation ont toujours fait l’objet d’une importante production scientifique en SHS. Si les études politiques insistent sur la nature contestataire de ces mouvements, la littérature sociologique et anthropologique démontre plutôt comment des phases de contestation politique participent de manière importante à la construction des identités sociales et au réagencement du pouvoir au sens large. En dépit de ces différences d’approche, les chercheur.se.s en SHS travaillant sur des mouvements de contestation s’accordent sur la difficulté de trouver des clés de lecture et des méthodes appropriés à la complexité des dynamiques sociopolitiques déclenchées par des procès révolutionnaires.
De plus, quelle que soit l’approche théorique et méthodologique adoptée, la nécessité d’investiguer empiriquement ces dynamiques à travers une recherche de terrain demande nécessairement un repositionnement épistémologique des chercheur.se.s vis-à-vis des mouvements sociaux étudiés Depuis 2018, le Soudan traverse une phase de crise politique qui a débuté avec la Révolution de Décembre, a ensuite produit la chute du régime islamiste d’Omar Al-Bachir en 2019 et l’instauration d’un gouvernent de transition qui, à son tour, a été renversé par un coup d’état militaire en Octobre 2021. Malgré la récente restauration autoritaire, le processus révolutionnaire Soudanais est toujours en cours et continue à produire des changements rapides sur les plans politiques et socioéconomiques qui nécessitent une adaptation des questionnements de recherche et des méthodologies en SHS pour ne « pas porter un regard rétrospectif et téléologique sur les événements étudiés et ne pas figer les dynamiques mouvantes du moment révolutionnaire ». De ce fait, tout au long les différentes phases de ce mouvement de contestation, les chercheur.se.s en SHS ont été poussés à remettre en question leur perspective d’interprétation des relations complexes entre dynamiques révolutionnaires et contrerévolutionnaires, mais également leur positionnement épistémologique vis-à-vis des problématiques éthiques et pratiques que ces dynamiques suscitent sur le terrain. A la lumière de cela, le Soudan offre actuellement la possibilité d’une réflexion interdisciplinaire unique sur les modalités d’articulation entre différentes notions et outils théoriques, méthodologiques et éthiques susceptibles d’être employés dans l’étude des mouvements de contestation politique. A partir du cas d’étude Soudanais, l’ambition de cette journée d’étude est donc de réfléchir sur les pratiques et les méthodes de recherche interdisciplinaire à employer pendant une phase de crise politique dans un pays du Sud. Nous accueillons ainsi les propositions de chercheur.se.s et doctorant.e.s en SHS (sociologie, histoire, géographie, sociolinguistique, anthropologie, sciences politiques) spécialistes du Soudan qui proposent de traiter à titre indicatif les thèmes suivants :
• Quels sont les enjeux éthiques et pratiques dans l’étude des procès de contestation politique et de restauration autoritaire ?
• Quelle est ou devrait être la position du chercheur qui observe et cherche à analyser les épisodes de contestation, surtout vis-à-vis de la répression opérée sur les contestataires ?
• Comment, pourquoi, et dans quelle mesure les chercheur.se.s en SHS peuvent interagir et coopérer avec les organisations de la société civile pendant une phase de contestation politique et/ou restauration autoritaire ?
• Quelles méthodes et outils de partage de connaissance à distance constituent des pistes pertinentes en temps d’instabilité et d’incertitude politique ?
• Dans quelle mesure est-il possible de développer une approche interdisciplinaire et multi-méthodologique des dynamiques de contestation politique et/ou de restauration autoritaire ?