28 novembre 2017
Journée d’études – Mardi 28 novembre 2017
CEPED (Centre Population Développement) UMR 196 . Paris Descartes-IRD 45 rue des Saints-pères. 75006 ParisCertains moquent parfois la prolifération d’observatoires scientifiques. Il y en aurait désormais autant que de chercheurs. Étymologiquement et historiquement, un observatoire est un établissement scientifique destiné aux observations astronomiques et météorologiques. Mais l’usage du terme s’est répandu et banalisé dans les sciences sociales et humaines. Il est aujourd’hui devenu polysémique, désignant un poste d’observation aussi bien qu’un indicateur-sentinelle, un instrument de mesure, une base de données, un recueil d’études, un inventaire d’archives, une prosopographie de notices biographiques, un simple site Internet ou une vaste entreprise de compilation encyclopédique. La question se pose donc de savoir à quoi servent les observatoires et de s’interroger sur les types de données qu’ils produisent et les usages que l’on peut en faire.
Si l’on veut bien admettre que les observatoires n’ont pas qu’une fonction d’archivage ou de valorisation, mais aussi de mesure, alors force est de reconnaître que leur prolifération exprime à sa façon la volonté de quantifier le monde, voire d’assigner au savoir une finalité prescriptive et normative en vue de standardiser et mieux comparer les phénomènes sociaux à l’ère de la globalisation. Aujourd’hui, tout se mesure, de la température des glaciers jusqu’à la pauvreté en passant par la corruption, la démocratie, la migration, la scolarisation ou la surmortalité liée aux conflits armés. Ainsi, la fonction première des observatoires ne serait- elle pas, in fine, d’objectiver des données afin de réconcilier des approches quantitatives et qualitatives en sciences sociales ? Cela n’exclut pas que les observatoires puissent aussi rendre compte de la complexité des phénomènes étudiés et servir à la découverte de faits nouveaux.
Pour en discuter, cette journée d’études propose d’inviter des responsables d’observatoires et des spécialistes de l’usage des statistiques ainsi que des chercheurs qui ont une position critique à l’égard de ces initiatives. Les échanges tourneront autour de quatre principaux thèmes :
- la fonction des observatoires : pour quoi faire et pour quel public ?
- la construction de catégories : pour quel type de données ?
- l’utilité des observatoires : pour quelle analyse critique ?
- les enjeux politiques des observatoires : pour quelle aide à la décision ?