07 septembre 2022
Journée d’étude –Dans le cadre de la F3S (Fédération Sciences Sociales Sud)
Cette journée d’études vise à contribuer à une réflexion sur le déplacement actuel du champ des études sur le développement, dans le cadre de la globalisation et du changement des conditions de production de la recherche. Plus précisément, nous nous interrogerons sur l’évolution des SHS – et leur articulations aux autres champs scientifiques – dans un contexte où des thématiques-phare, comme « l’égalité hommes – femmes » et le genre, le développement des compétences, la résilience, l’entrepreneuriat ou encore le développement durable s’imposent à tour de rôle pour orienter les agendas de recherche et les financements. Dans quel cadre, et par quels acteurs se définissent ces nouveaux objectifs de la recherche, formalisés par exemple par les Objectifs du Développement Durable-ODD ? De quelle manière les SHS peuvent-elles elles-mêmes interroger l’émergence de ces objectifs qui contribuent à définir leurs conditions de production ? De manière complémentaire, comment des recherches aréales peuvent-elles provoquer de nouvelles orientations de la recherche ? Et last but not least, qu’en est-il des articulations entre le positionnement scientifique et politique des chercheurs dans un champ scientifique à chaque fois plus polarisé ? Sans chercher à répondre à cet ensemble de questionnements, cette journée d’études propose de réaliser un premier inventaire de travaux réalisés en SHS sur ces thématiques ou des sujets liés, au sein de trois laboratoires de recherche SHS à composante IRD : PRODIG, DEVSOC et le CEPED, principalement autour de deux axes :
- les transformations de l’enseignement supérieur et leurs enjeux
- l’approche critique des nouveaux concepts du développement par la
recherche en SHS.
Organisation
Isabel Georges (IRD, D&S, UMR 201), Evelyne Mesclier (IRD, UMR 8586 PRODIG)
PROGRAMME
9h – Accueil et café
9h30-11h – Table 1
La globalisation de l’enseignement supérieur et son rôle dans la “gouvernance globale”
S’il est assez banal de dire que l’enseignement supérieur joue un rôle important non seulement économique mais aussi social et politique (et notamment dans la reproduction sociale), il est moins fréquent de signaler son rôle central non seulement dans les mobilités globales mais aussi dans la globalisation en elle-même. Or, l’augmentation massive du nombre des étudiants, le renforcement de la recherche en leur sein, l’extension des enseignements au travers des MOOC (ou CLOM en France), la marchandisation transnationale de leurs formations, leur participation de plus en plus fréquente dans des actions citoyennes augmentent la capacité d’influence des universités. Elles sont ainsi très fortement impliquées dans la globalisation au travers de la circulation des étudiants étrangers mais aussi des enseignants, stagiaires et intervenants dans des formations de plus en plus internationales, au travers de programmes multi-situés, combinant souvent enseignement et recherche sur des thèmes globaux (climat, biodiversité, santé globale, alimentation, gestion des connaissances, numérisation généralisée…). Elles participent aussi de plus en plus souvent à des instances qui valident la qualité et régulent les flux de marchandises, de technologies et de connaissances. La méfiance séculaire des gouvernements autoritaires envers les universités (lieux de contestation et de revendications) se transforme en une intégration ambivalente dans la «gouvernance globale». Enfin, l’inclusion de savoirs différents, locaux ou autochtones, fait bouger les références académiques de façon notable. Ces différentes facettes font des universités des acteurs centraux dans la formulation des questionnements des SHS à l’échelle globale. Les sciences de la durabilité s’efforcent d’intégrer ces transformations, encouragées par les institutions de coopération internationales mais dont la réalisation suppose des traductions épistémiques inédites.
Coordination
- Jean-Baptiste Meyer (IRD, Ceped)
Participants
- Rigas Arvanitis (sociologue, IRD, Ceped)
- Jean-Baptiste Meyer (socio-économiste, IRD, Ceped)
- Roser Cussó (sociologue, Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, D&S)
- Anayansi Gonzalez (sociologue, Université Paris1-Panthéon-Sorbonne, D&S)
11h-11h30 – Café
11h30-12h30 – Conférence
The stucturing of sociological knowledge : Sociology of Health in Australia, between the Global North and South
Fran Collyer, Professor of Sociology, University of Karlstad (Sweden)
12h30 – 14h – Buffet sur place (merci de vous inscrire pour confirmer votre présence)
Lien d’inscription : https://www.prodig.cnrs.fr/inscription-journee_07-09-2022/
14h-15h30 – Table 2
Approche critique des concepts liés au “changement global” et production de champs scientifiques alternatifs sur le développement
La notion de “changement global” est utilisée de manière croissante pour rendre compte de l’ensemble des changements observés depuis ces dernières décennies : changements climatiques, dégradation des ressources naturelles, transition démographique, urbanisation généralisée, mondialisation économique et migratoire. Cette conceptualisation est devenue en elle-même et par nécessité un objet de la recherche en sciences sociales, qui conformément à son rôle dans la société procède à une mise à distance critique et réflexive : remise en cause de certains concepts jugés peu opératoires et trop proches des discours normatifs des « acteurs du développement » (« développement durable », “ville durable”, « ésilience », « transition », « services écosystémiques ») ; déconstruction du paradigme du progrès, de la modernité et de l’universalité des transitions (démographiques, alimentaires, urbaines…) dans le contexte de l’Anthropocène, questionnement des modalités de l’interdisciplinarité autour de l’environnement. Les sciences sociales produisent par là même de nouveaux champs scientifiques et proposent des modèles alternatifs de développement à promouvoir tant sur le plan scientifique que pour guider l’action publique.
Coordination
- Elisabeth Peyroux (géographe, CNRS, UMR Prodig)
- Sébastien Hardy (géographe, IRD, Prodig)
Participants
- Elisabeth Peyroux (géographe, CNRS, Prodig)
- Christine Raimond (géographe, CNRS, Prodig)
- Sébastien Hardy (géographe, IRD, Prodig)
- Frédéric Bourdier (anthropologue, IRD, D&S)
15h30-16h – Café
16h-17h – Conférence (par visio)
«Global South» and development studies: a comparative approach
Biao Xiang (Max Planck Institute for social Anthropology, Halle)